Expression
Par Vercingétorix
14-10-2022
L’image derrière cette expression classique de la langue française fait sourire car elle semble assez improbable. On pense tout de suite à un spectacle de cirque où le contorsionniste montre sa grande souplesse en mettant ses jambes autour de son cou. Mais, est-ce réellement la bonne définition ? D’où vient l’expression qui nous intéresse aujourd’hui et comment peut-on l’employer en bon français ?
La locution « prendre ses jambes à son cou » se compose des mots suivants :
Le sens propre évoque donc une action qui consiste à saisir ses jambes et à les rapprocher de son cou. Cela paraît très compliqué à moins d’être un expert en yoga. Non, l’expression du jour signifie : prendre la fuite, partir très vite, se sauver. Il s’agit donc de se mettre en mouvement de manière rapide mais comment peut-on courir en ayant les jambes autour de son cou ? L’histoire va nous donner des éléments de réponse.
Il faut remonter au début du XVIIe siècle pour comprendre l’origine de l’expression « prendre ses jambes à son cou ». En effet, d’après le poète Antoine Furetière (1619-1688), également membre de l’Académie française, la locution s’écrivait alors « prendre ses jambes sur son col » et signifiait « partir pour quelque message ou quelque voyage ». Il s’agissait donc des préparatifs pour un périple, de faire ses bagages et de ne pas oublier de prendre ses jambes et ses pieds !
Ensuite, il faut aussi savoir qu’on portait souvent son sac en bandoulière à cette époque. La lanière du sac passant autour du cou, les affaires se trouvent donc à proximité de celui-ci, y compris les fameuses jambes, nécessaires à tout déplacement.
Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que la signification de départ rapide et précipité apparaît. L’expression ne désigne plus seulement les préparatifs pour un voyage mais plus généralement le fait de partir en toute hâte sans demander son reste. Et cette idée de vitesse se trouve justement renforcée par l’image de quelqu’un qui court si vite que ses jambes frôlent son cou.
Comment utiliser prendre ses jambes à son cou dans les règles de l’art ? Pour le contexte, rappelez-vous qu’on parle d’une personne qui prend la fuite ou quitte précipitamment un endroit par peur, par précaution ou pour éviter une situation compliquée.
Exemples :
« Dès que Riton a vu l’agent de police, il a direct pris ses jambes à son cou. »
« J’ai une peur panique des araignées. Si j’en vois une, je prends mes jambes à mon cou. »
« Ton cousin est un bouffon. Quand la situation est tendue, c’est toujours le premier à prendre ses jambes à son cou. »
Mots associés : fuir, s’enfuir, partir précipitamment, se sauver
Ne prenez pas déjà vos jambes à votre cou et restez encore un peu ! Avec la langue française, il faut parfois s’arrêter un moment pour bien comprendre certaines expressions et autres tournures de phrase. Pour aujourd’hui, retenez que si la locution a toujours été associé à l’idée de voyage, elle décrit maintenant un départ précipité, une fuite.
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