Expression
Par Vercingétorix
3-11-2022
Les expressions de la langue française formées à partir de noms de vêtements ou de termes empruntés au textile sont nombreuses et fréquemment utilisées. On peut citer les exemples suivants: « mouiller le maillot », « tailler un costard » ou « avoir le moral dans les chaussettes ».
Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à la veste qu’on prend pendant une partie de jeu, durant une élection ou lors d’une entreprise de séduction. Essayons de voir quel sens donner à cette expression avant de discuter de son origine et de son usage.
La locution verbale « se prendre une veste » se compose de la manière suivante :
le verbe « se prendre » à l’infinitif
le nom féminin singulier « veste » qui est donc un type de vêtement à manches longues couvrant la partie supérieure du corps
Mot à mot, l’expression signifie être heurté par une veste ce qui semble très étrange. La véritable signification est: échouer pendant un jeu, dans les affaires ou en séduction. On parle d’un échec important, d’une défaite cuisante qui laisse des traces et qu’on n’oubliera pas de sitôt. Comment en est-on arrivé à cette comparaison entre le fait de perdre et le vêtement ?
Pour bien comprendre l’histoire de l’expression « se prendre une veste », il faut revenir à la fin du XIXe siècle, l’année 1867 pour être précis, et s’imaginer jouer aux cartes. En effet, à cette époque, on dit « mettre un adversaire capot » lorsque la personne est sévèrement battue. A la belote, on utilise toujours cette expression et « faire un capot » signifie gagner toutes les mains ou tous les plis sans rien laisser à l’adversaire. On retrouve cette idée d’échec dans le verbe « capoter » en parlant d’un projet ou d’une entreprise quelconque.
Le capot, mot qui date du XVIIe siècle et qui donc n’a rien à voir avec le monde de la voiture à son origine, qualifie un vêtement à capuche qu’on met quand il pleut. Progressivement, le vocabulaire évolue et le capot va devenir la capote, un manteau de pluie long porté notamment par les soldats durant la Première Guerre mondiale. L’expression « mettre un capot » va elle aussi évoluer en « mettre une capote» puis « prendre une veste ». Un vêtement remplace l’autre mais le sens originel demeure : essuyer un échec.
Si la locution « se prendre une veste » apparaît dans l’univers des jeux de cartes, on la retrouve dans de nombreux domaines et notamment en politique, dans les affaires et en amour.
Exemples :
« Le candidat de la majorité présidentielle s’est pris une sacrée veste aux élections municipales. »
« Hier soir, Marc a encore essayé de draguer Marianne mais il s’est pris une veste. »
« Je suis vraiment en manque de réussite en ce moment, je me prends veste sur veste. »
Mots associés : se prendre un râteau, échouer, faillir
Maintenant, vous savez que la veste ne sert pas uniquement à se couvrir quand il fait froid ou à sortir quand on veut être bien habillé. La langue française peut surprendre. On peut aussi se prendre une veste et ce n’est pas agréable. Que ce soit lors d’une élection, durant une tentative de séduction ou en jouant aux cartes, l’échec n’est jamais très loin !
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