Expression
Par Vercingétorix
14-10-2022
L’expression du jour met à l’honneur un animal à la forte valeur symbolique. Rappelez-vous le célèbre conte de Charles Perrault où le loup trompe le Petit Chaperon rouge et vous comprendrez qu’avec ce mammifère, le danger n’est jamais très loin ! Mais qui serait assez fou pour se jeter dans la gueule du loup ? Essayons d’analyser l’expression du jour avant de découvrir son origine et de comprendre son emploi.
La locution « se jeter dans la gueule du loup » est construite de la manière suivante :
le verbe « se jeter » qui signifie se précipiter
la préposition « dans » qui indique donc un lieu
le nom féminin singulier « gueule » qui est synonyme de bouche
le nom masculin singulier « loup » qui précise donc la nature de la gueule
Mot à mot, il s’agit donc de se précipiter dans la bouche d’un loup. Comme pour de nombreuses expressions françaises, il faut aller plus loin et s’intéresser au sens figuré. Se jeter dans la gueule du loup signifie prendre des risques inconsidérés, faire preuve d’inconscience, se mettre volontairement en danger. Une personne qui se jette dans la gueule du loup se met elle-même dans une situation dangereuse en connaissance de cause.
Mais pourquoi avoir associer le mammifère carnivore à une expérience périlleuse ?
On l’a rappelé dans les premières lignes de cet article : le loup est un symbole fort, un animal qui déchaîne les passions et ne laisse personne indifféremment. L’expression semble apparaître au XVe siècle, pendant l’époque médiévale où l’animal est présent partout en France et représente une menace pour les bergers comme pour les simples promeneurs. Les meutes de loups sont nombreuses et la bête est redoutée pour sa férocité, sa rapidité et son intelligence. On disait alors d’une personne qu’« elle se jetait en la gueule des loups » lorsque celle-ci était assez imprudente pour s’approcher d’une meute et se faire attaquer.
Au XVIIe siècle, l’expression va évoluer et devenir : « mettre une personne à la gueule du loup ». On en retrouve une définition dans le dictionnaire d’Antoine de Furetière publié en 1690 : « exposer une personne à des périls évidents, la mettre sans défense à la merci de ses ennemis ».
Enfin, au XIXe siècle, la locution devient réflexive et on retrouve différentes variantes telles que : se mettre / se fourrer / se jeter dans la gueule du loup ». Si l’animal est moins dangereux, il reste un symbole de péril, de menace dans l’inconscient collectif. On en parle dans les contes pour enfants, dans la littérature ou encore dans la rubrique Faits Divers de certains journaux régionaux.
On utilise la locution « se jeter dans la gueule du loup » pour décrire le comportement insensé d’une personne qui réalise pourtant la dangerosité d’une situation.
Exemples :
« Malgré une opération bien préparée par l’état-major, les soldats ne se doutaient pas qu’ils allaient tout droit se jeter dans la gueule du loup. »
« En allant dans le quartier de ses pires ennemis, Rémi se jette clairement dans la gueule du loup ! »
« Je ne veux pas être relou mais je le ne sens pas du tout ton plan. On va juste se jeter dans la gueule du loup. »
Mots associés : tenter le diable, jouer avec le feu, se mettre volontairement en danger
Un conseil : pour ce qui est de la langue française et de son orthographe ou de sa grammaire, mieux vaut être prudent, ne pas se précipiter sinon vous allez vous jeter dans la gueule du loup ! Pour aujourd’hui, si vous ne voulez pas finir entre les crocs de la bête, rappelez-vous qu’on utilise cette expression animalière pour qualifier un comportement risqué où le danger est bien connu.
1