Expression
Par Vercingétorix
2-11-2022
Aujourd’hui, on se donne rendez-vous à la ferme pour parler de plusieurs animaux emblématiques du monde agricole français. Pas besoin de mettre votre bonnet d’âne ou de vous lever avec le chant du coq puisque la locution du jour associe le gallinacé et le baudet !
Comment comprendre l’expression « passer du coq à l’âne » ? Quelle est son origine dans la grande histoire de la langue française ? Dans quel contexte peut-on l’utiliser ? On répond à toutes ces questions dans l’article qui suit.
La locution « passer du coq à l’âne » se compose des éléments suivants :
Mot à mot, il s’agit donc de se rendre du coq à l’âne, ce qui ne veut pas dire grand-chose. En réalité, l’expression du jour signifie : passer d’un sujet à un autre sans faire preuve de cohérence. Une personne qui passe du coq à l’âne tient des propos désordonnés sans faire l’effort de les relier entre eux de manière logique.
Maintenant, comment expliquer le rapport entre un discours incohérent et ces deux animaux de la ferme que sont le coq et l’âne ?
Il n’existe pas d’explication unanime pour justifier l’apparition de l’expression du jour. Dans ce contexte, essayons de suivre deux pistes qui sont liées à des hommes de lettres des XVIe et XIXe siècles.
Clément Marot au XVIe siècle
La première hypothèse concerne l’auteur Clément Marot (1496-1544) poète le plus important de la cour de François Ier et inventeur d’un nouveau genre poétique justement nommé le « coq-à-l’âne ». Il consiste à se moquer de personnages ou de faits réels en utilisant le non-sens, l’absurde et l’énigme. La première œuvre satirique de Marot appelée « Epistre du Coq en l’Asne » aurait été publié en 1531.
En associant le coq à l’âne, le poète souligne le caractère incohérent et illogique d’un nouveau genre littéraire qui vise à critiquer les puissants du royaume de France en évitant de les nommer directement. C’est donc pour brouiller les pistes que le « coq-à-l’âne » n’avait ni queue ni tête !
Les frères Grimm au XIXe siècle
La deuxième hypothèse nous mène tout droit au XIXe siècle où les frères Grimm, célèbres linguistes allemands, recensent des contes qui deviennent de grands classiques. Les Musiciens de Brême, fable parue en 1815, met en scène 4 animaux : un âne, un chien, un chat et un coq. Ils montent les uns sur les autres pour faire peur aux bandits, l’âne étant tout en bas et le coq tout en haut. Ainsi, si on passe du coq à l’âne, on progresse d’une extrémité à l’autre sans lien logique et sans cohérence. Nous retrouvons donc le sens de notre expression du jour.
L’expression du jour appartient clairement au langage populaire, on la croisera plutôt à l’oral et dans un cadre informel.
On écrit la locution « passer du coq à l’âne » sans trait d’union tandis que le nom masculin « coq-à-l’âne » prend lui des traits d’union.
Il est tout à fait possible d’utiliser la variante : « sauter du coq à l’âne ».
Exemples :
« Le prof d’anglais a l’air un peu perdu ce matin car il passe du coq à l’âne sans aucune logique. »
« J’ai commencé à lire un nouveau roman mais j’ai du mal à suivre le récit principal car l’auteur passe du coq à l’âne sans arrêt. »
« Ce journaliste manque de méthode car, dans son reportage, il passe du coq à l’âne sans transition. »
Mots associés : sauter du coq à l’âne, faire un coq-à-l’âne, n’avoir ni queue ni tête
Alors, vous voici maintenant plus à l’aise, comme un coq en pâte ? Vous allez pouvoir épater la basse-cour et faire la roue comme le plus fier des paons.
Laissons les volatiles à la ferme et essayons de résumer l’article du jour. L’expression « passer du coq à l’âne » désigne un discours qui manque de cohérence, où l’on passe d’une idée à une autre sans aucune logique. La locution du jour n’a pas une explication unanime mais on peut la relier à deux figures littéraires et à eux genres : la poésie de Clément Marot au XVIe siècle et les contes des frères Grimm au XIXe siècle.
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