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« Se faire la malle »

Expression

Par Vercingétorix

13-10-2022

 

Quand on parle de malle, on pense en général à de vieux jouets avec lesquels on ne joue plus ou bien à des vêtements qu’on ne met plus parce qu’ils sont passés de mode. C’est donc un objet statique, qui ne bouge pas et reste dans un coin du grenier ou de la cave. Pas forcément ! Il y a aussi un sens plus dynamique, qui invite même au voyage...

Comment doit-on comprendre l’expression « se faire la malle » ? Quelle est son origine dans la grande histoire de la langue française ? Comment l’utiliser à l’écrit comme à l’oral en bon français? On répond à toutes vos questions dans l’article qui suit.

 

Sommaire

  • La définition de l’expression du jour
  • L’origine derrière les mots
  • Le bon usage avec des exemples

 

La définition de l’expression du jour

 

La locution « se faire la malle » se compose des éléments suivants :

le verbe pronominal « se faire » qui signifie ici remplir

le nom féminin singulier « la malle » qui désigne un coffre de bois ou de cuir où on range ses affaires avant de partir pour un long voyage

Mot à mot, il s’agit donc de remplir son coffre de voyage. En réalité, le sens de l’expression du jour est bien associé à une idée de départ mais elle va plus loin. Elle signifie : s’enfuir, partir précipitamment. Une personne qui se fait la malle quitte un lieu très rapidement, sans prévenir et surtout sans donner de destination.

Mais pourquoi avoir relié la malle à l’idée de fuite ?

 

L’origine derrière les mots

 

Pour bien comprendre l’histoire de l’expression du jour, il faut d’abord s’arrêter quelques instants sur le mot « malle » avant d’étudier le monde des prisons au XXe siècle et son argot riche en locutions.

 

Faire ses valises

A notre époque, la malle est un objet un peu désuet, c’est-à-dire qu’on s’en sert de moins en moins. Il a été remplacé par la valise et il est bien normal de préparer ses valises avant de partir en voyage. Eh bien, c’était la même chose avec les malles. Avant de prendre le train, le bateau ou l’avion, on devait « faire sa malle ou ses malles ». Le coffre en bois ou en cuir n’était donc pas forcément un objet statique mais il permettait de ranger ses affaires pour partir loin et longtemps.

 

S’évader de prison

Maintenant, il faut un peu s’intéresser à l’univers carcéral du milieu du XXe siècle en France. Les prisonniers ont toujours su créer et utiliser un type de langue ou argot qui devait uniquement être compris par les détenus.

La métaphore « se faire la malle » serait apparue en 1935 sur le modèle de deux autres expressions qui désignent le fait de s’évader : « se faire la belle » et « se faire la paire ». Ceci explique donc la forme pronominale du verbe faire. Ensuite, dire qu’un prisonnier s’est fait la malle, c’est avouer de manière humoristique qu’il s’est enfui. En effet, on n’imagine pas un condamné faire tranquillement sa valise et partir par la grande porte. Quand il prépare son évasion, un prisonnier ne prévient pas et il part précipitamment. On retrouve bien le sens moderne de l’expression du jour.

 

Le bon usage avec des exemples

 

La locution « se faire la malle » appartient clairement au langage familier et populaire. On la croisera souvent à l’oral pour qualifier quelqu’un qui s’enfuit, qui part sans rien dire. Cela peut bien sûr concerner un prisonnier ou tout autre type de personne. On peut même l’utiliser pour parler d’un animal de compagnie qui prend la fuite.

Vous pouvez conjuguer le verbe « se faire » à n’importe quel temps mais le reste de l’expression restera figée et le nom « malle » est toujours au singulier.

Exemples :

« Nathan, je crois que ton petit frère vient encore se de faire la malle. »

« Tout ce que David veut, c’est se faire la malle et quitter cette vie de misère. »

« Ce soir, je te le jure, on se fait la malle et on quitte ce pays pour toujours. »

 

Mots associés : ficher le camp, se faire la belle, battre en retraire, filer à l’anglaise

 

L’article est presque fini, vous allez pouvoir vous faire la malle bientôt ! Le mieux avec la prison, c’est encore de pas y rentrer du tout, comme cela pas besoin de planifier une évasion complexe et périlleuse comme dans la série Prison Break !

Pour le moment, retenez que la locution du jour signifie partir précipitamment, s’enfuir et qu’elle tire son origine du milieu carcéral français au début du XXe siècle.

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