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« Ficher le camp »

Expression

Par Vercingétorix

15-11-2022

 

Formé à partir du latin campus : « plaine », le camp, qui possède la même racine que le champ, désigne un espace réservé à une activité particulière (camp militaire pour l’armée, camp de vacances pour le tourisme) ou à une population spécifique (camp de réfugiés, camp de travailleurs). On croise le mot camp dans plusieurs expressions comme « lever le camp » ou encore « avoir la balle dans son camp ».

Aujourd’hui, on s’intéresse à l’expression « ficher le camp » : comment doit-on la comprendre ? Quelle est son origine dans la grande histoire de la langue française ? Dans quel contexte peut-on l-utiliser ? On répond à toutes ces questions dans l’article qui suit.

 

Sommaire

  • La signification de l’expression du jour
  • L’histoire derrière les mots
  • Le bon usage avec des exemples

 

La signification de l’expression du jour

 

La locution « ficher le camp » se compose des éléments suivants :

  • le verbe « ficher » à l’infinitif qui signifie enfoncer un objet par la pointe
  • le nom masculin singulier « camp » qui désigne de manière générale un endroit réservé à une activité ou à une population particulière (camping, camp militaire, camp de vacances etc.)

Mot à mot, il s’agit donc d’enfoncer un camp dans le sol ce qui paraît compliqué. En réalité, l’expression du jour signifie : s’en aller avec précipitation, déguerpir. Une personne qui fiche le camp part en vitesse et ne demande pas son reste.

Mais comment peut-expliquer le lien entre le camp et le fait de filer en douce ?

 

L’histoire derrière les mots

 

L’expression « ficher le camp » date du milieu du XVIIIe siècle, période où on la croise de plus en plus souvent à l’oral. Cependant, la locution pose problème aux experts de la langue française et il existe plusieurs interprétations au sujet de son origine. Nous allons rapidement vous présenter les deux principales hypothèses liées à deux grands linguistes : Alain Rey et Claude Duneton.

Alain Rey

La première piste est celle mentionnée par Alain Rey. Il insiste sur le fait que le verbe « ficher » est souvent associé au verbe « prendre ». Au XIXe siècle, on utilise fréquemment l’expression « prendre son camp » pour dire qu’on rassemble ses affaires avant de quitter un lieu. Une armée qui quitte sa position pour en rejoindre une nouvelle "lève le camp". Avec l’usage, on serait donc passé de « prendre le camp » à « ficher le camp » tout en gardant le même sens de quitter un endroit avec plus ou moins de précipitation.

 

Claude Duneton

Pour Claude Duneton, autre grand expert des expressions françaises, le verbe «ficher » a toujours été un synonyme de « planter » dans le sens d’enfoncer dans le sol. On dit encore de nos jours qu’une personne est "plantée comme un pot de fleur" quand elle ne bouge pas et reste immobile. Quand on "fiche un camp", on le plante ou on l’abandonne pour fuir un ennemi ou un autre danger. Le camp reste fiché, immobile tandis que les personnes l’ont quitté ou évacué.

 

Le bon usage avec des exemples

 

L’expression « ficher le camp » est clairement associée à un registre de langue familier et populaire, on la croisera donc surtout à l’oral et dans un cadre informel.

La locution reste figée et on gardera « le camp » au singulier. Mais, on peut aussi rencontrer une forme nettement plus vulgaire : « foutre le camp ».

Exemples :

« Rémi, il faut que tu fiches le camp avant que l’autre crétin ne rapplique ! »

« La maison abandonnée au bout de la rue est encore remplie de meubles, comme si les propriétaires avaient du ficher le camp sans rien dire à personne. »

« Tu vas me foutre le camp maintenant sinon j’appelle la police ! »

 

Mots associés : foutre le camp, décamper, prendre ses jambes à son cou, se barrer, se tirer

 

Ne fichez pas le camp comme ça sans même dire au revoir ! J’espère que ce petit article vous a été utile et qu’il restera pour vous comme un aide de camp.

Retenez pour le moment que l’expression « ficher le camp » signifie partir avec précipitation en laissant ses affaires derrière soi. Elle date du milieu du XVIIIe siècle et les experts de la langue française que sont Alain Rey et Claude Duneton ne sont pas d’accord au sujet de son origine exacte.

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